EMERY

En 1640, Chamois se voit confier d’importants travaux au château d’Emery-en-Brie (aujourd’hui Emerainville, Seine-et-Marne) que Michel Particelli, contrôleur des finances, a acquis avant 1619 (36). Le château comportait alors un corps de logis entouré d’un fossé et précédé d’une cour, une grange et des remises de carrosses placées de part et d’autre du portail d’entrée. Le devis prévoit de remplacer l’escalier à quatre noyaux situé au centre par un vestibule communiquant de plain-pied avec la cour et le parc, d’aménager une salle haute par exhaussement du plafond (s’agirait-il d’une salle à l’italienne?) et d’édifier deux pavillons en saillie pour cantonner le vieux corps de logis. Ces pavillons, «ornez de plaintes saillantes, semblables à celle du viel bastimen» et s’élevant comme celui-ci sur trois niveaux, comprennent à chaque étage une grande chambre avec cheminée et une garde-robe desservies par un escalier à quatre noyaux «fait en avant-corps sur la cour». Le pavillon à main gauche en entrant abrite en outre une chapelle. On dégage aussi l’espace devant le château pour aménager une vaste cour d’honneur fermée d’un mur en demi-lune et on rebâtit remises et écuries dans une basse-cour latérale.

(36) M. C, étude Guénéchot, CV 659 marché du 15 septembre 1640 que nous a signalé M. Claude Mignot, et quittance du 9 novembre 1641 par laquelle Chamois reconnaît avoir reçu 18 000 livres. En septembre 1654, Chamois expertise des travaux faits par le maçon
Simon Raquin à Émery Arch. nat., Z1j 276, 24-26 septembre 1654, référence dont nous sommes aussi redevables à C. Mignot

Le Château de CHAVILLE,  Charles Chamois au service des Le Tellier
Après avoir considérablement étendu la terre et seigneurie de Chaville (51), Michel III Le Tellier fit reconstruire le château que Brice attribue à Chamois et dont la construction s’achève selon Pérelle vers 1660 . Le marché principal manque, mais de multiples documents confirment et cette date et le rôle de Chamois, qui travaille encore aux murs du parc en 1663 et 1673 ainsi qu’aux eaux du parc et aux fermes du domaine en 1675 et 1679. D’après la description du domaine de Chaville dans l’inventaire après décès de Michel Le Tellier en date du 13 novembre 1685 (54) et d’après des plans manuscrits de 1696, le château, entouré d’un fossé ou plutôt d’une cour anglaise, est précédé d’une avant-cour carrée, de 24 toises de côté, bordée à l’est par la cour des écuries et à l’ouest par le canal de l’orangerie, puis d’une cour, de 24 toises sur 20, bordée à l’est par la cour des offices. Le château, dont le plan rappelle fortement celui d’Emery, est formé d’un corps de logis, de 16 toises sur 5, que calent deux pavillons saillants, larges de 7 toises, abritant chacun une chambre (à alcôve pour le pavillon oriental), une garde-robe et un escalier secondaire à deux noyaux auquel on accède directement depuis la terrasse. Les offices sont aménagés dans le sous-sol. Au rez-de-chaussée du corps central se trouvent la salle à manger, le vestibule dans l’axe médian et le grand escalier qui mène uniquement au premier étage occupé par la grande salle «où se tenoit le conseil». Le galetas comprend chambres et garde-meubles. Le château semble ainsi destiné aux réceptions et à la vie publique du chancelier, tandis qu’est réservé à la vie privée le corps de logis situé au nord de la cour des offices dans lequel sont groupés les appartements du chancelier et de son épouse.
La disposition générale des bâtiments est celle qui s’impose peu à peu au cours du XVIIe siècle : des pavillons, utilisés comme chapelle et porterie, sont détachés pour marquer les angles de la cour d’honneur, et communs, écuries, offices et ménagerie sont installés dans des cours latérales. Les façades, d’une belle simplicité rappelant l’ordonnance du château de Pomponne bâti par Mansart, montrent que Chamois maîtrise le nouveau style classique .