source : gallica.bnf

Auguste NELATON

1812-1873 

Mr Auguste Nélaton est né à Paris le 19 juin 1807
à l’âge de 5 ans son père, militaire de la Grande Armée disparait en 1812 lors de la retraite de Russie,
Auguste Nélaton est reçu docteur en 1836. Trois ans plus tard, il est nommé professeur à l’hôpital Saint-Louis avec pour spécialité les tumeurs du sein. Il doit sa renommée grâce au politicien , le général Garibaldi blessé par balle au pied et donne une méthode pour l’extraire sans difficulté. En 1867 li est Nommé chirurgien chirurgien personnel de Napoléon III  et en 1868  il est nommé « sénateur impérial ».
Propriétaire du château de Déluge (02) et d’un immeuble derrière les Champs-Elysées à Paris. En 1866, il revend le Déluge à son beau-frère HELUIS et achète à la marquise de Brévannes, l’abbaye de Malnoue d’une superficie d’environ 300 ha. Il y fait moderniser la demeure par l’architecte Pigny en 1869.

1862 - Auguste Nelaton et Garibaldi

*Extrait des mémoires de l’académie de Médecine – Eloge de M.NELATON prononcé le 4 juin 1878  par M.J. BECLARD Secrétaire perpétuel.

Le 29 août 1862, à Aspromonte, Garibaldi, qui combattait en irrégulier pour l’indépendance et l’unité de sa patrie, parcourait le frontdes volontaires, lorsqu’il reçut en même temps trois balles des premiers coups de feu tirés par les troupes régulières italiennes.L’une contusionnait le genou gauche, l’autre effleurait la hanche droite, la troisième causait une plaie plus sérieuse et pénétrait dans le cou-de-pied,un peu au-dessus et en avant de la malléole interne.Garibaldi
avança encore de quelques pas, puis la douleur le contraignit de s’asseoir,et il ne fit plus désormais aucune tentative pour marcher.Sur le champ de bataille même, et peu d’instants après, le docteur Albanese, ayant remarqué sur le côté opposé du pied, et au même niveau, une légère tuméfaction, crut devoir pratiquer une incision en ce point. N’ayant pas rencontré le projectile, il jugea prudent d’attendre. Transportésur la frégate à vapeur le Duc-de-Gênes, le blessé débarquait à la Spezzia et entrait au fort de Varignano, le 2 septembre au soir.
Deux jours après, et en présence de MM. Rizzoli (de Bologne), Zannetti (de Florence), Prandina (de Chiavari),Negri (de Gênes), Riboli (de Turin), et de MM. Albanese, Ripari et Bazile, médecins et amis du général, le professeur Porta, de Pavie, explorait la blessure. Les consultants conclurent de cet examen que la balle n’était plus dans la plaie et qu’elle avait été repoussée au dehors. M. Bazile, toutefois,
conservait des doutes; il les exprima à plusieurs reprises à Garibaldi, et aussi au professeur Porta, ainsi qu’en témoigne la lettre qu’il lui écrivait le 22 septembre.

M. Nélaton arrivait à la Spezzia le mardi 28 octobre; le général était alité depuis deux mois. L’exploration est à peine commencée que sa conviction est faite. Un stylet ordinaire introduit dans la plaie a donné à sa main et à son oreille également exercées une double sensation qui ne laisse aucun doute dans son esprit: la balle est encore dans la plaie. Tel fut aussi l’avis de MM. Partridje et Pirogoff qui vinrent trois jours après. De retour à Paris, M. Nélaton réfléchissait au moyen de lever les derniers doutes de ses confrères italiens; et il raconte, avec sa modestie accoutumée, comment il fut mis sur la voie: « M. Emmanuel Rousseau, dit-il, me donna un moyen simple et pratique: il consistait à introduire dans la plaie un corps de petites dimensions, capable de rapporter une empreinte métallique reconnaissable à tous ses caractères.
Quelques jours plus tard, M. Nélaton adressait aux médecins du général un stylet terminé par une petite olive en porcelaine blanche et non vernie, sur laquelle, par un mouvement de rotation, le projectile, devait révéler sa présence. M. le professeur Zannetti, qui avait tenté, sans y réussir, de fermer le courant d’une pile par le contact de la balle et de déterminer ainsi le mouvement de l’aiguille d’un galvanomètre compris dans le circuit, obtint, à l’aide du stylet reçu de Paris, la certitude qu’il cherchait. Le 22 novembre, un fragment d’éponge préparée fut introduit dans la blessure pour dilater le trajet de la balle, et le lendemain M. Zannetti procédait avec la plus grande facilité à son extraction. Le jour même, M. Nélaton recevait de Pise le télégramme suivant:
                       « Balle extraite de la blessure de Garibaldi, d’après l’assurance de votre diagnostic, graranti par le résultat de votre stylet. Honneur à vous.
                          Le préfet de Pise, TORELLI. »

Aux premiers jours de décembre, le général écrivait à M. Nélaton :
« Mon bien cher ami,
 Je vous dois une parole d’amour et de gratitude. Votre apparition à la Spezzia a été un bonheur pour moi. Si jamais quelque doute avait pu traverser mon esprit, votre entrevue si éminemment sympathique, votre parole dont les encouragements étaient si éloquents ne m’ont plus permis de douter de ma guérison. Je suis beaucoup mieux depuis l’extraction de la balle, opérée avec tant d’habileté par notre illustre compatriote le professeur Zannetti, à l’aide des instruments que vous aviez eu la bienveillance de m’envoyer. Que Dieu vous bénisse.
                            GARIBALDI. »

Fin de l’extrait